Qu'est-ce qu'on gagne à culbuter ?
Effectuer une culbute de crawl lorsque vous arrivez au bout de votre longueur n'est pas une obligation. Vous pouvez tout aussi bien toucher avec la main, vous retourner, et repartir. Cependant, si vous franchissez le pas et que vous apprenez cette technique, vous vous rendrez vite compte que cela est bien plus agréable, et surtout très pratique. Le rythme de la nage n'est pas interrompu, et les distances s'enchaînent facilement.
A un stade supérieur, en compétition, la culbute vous fera gagner un temps précieux. A vitesse de nage égale, le meilleur vireur arrive avant son adversaire. Entraîneurs et nageurs ont mis au point les meilleures techniques pour tirer profit du changement de direction imposé par la structure des bassins.
Si l'apprentissage des virages vous semble encore difficile et rébarbatif, le constat suivant devrait vous inciter à persévérer dans vos efforts : Les performances d'un nageur varient de 5/1Oe à une seconde sur un 1 00 mètres nage libre suivant qu'il nage en petit ou grand bassin, c'est à dire avec un seul ou trois virages. Stéphane Caron détient les records de France sur 1 00 mètres nage libre : ils sont de 49°18 en bassin de 50 mètres et de 48°62 en bassin de 25 mètres, soit une différence de plus d'une demie seconde! La preuve est donc faite qu'un virage bien maîtrisé permet un gain de temps précieux.
Conclusion
: c'est le virage qui fait gagner le plus de temps parmi les différentes
nages en natation. Il est très technique, et doit etre effectué
rapidement. Il demande une bonne coordination de plusieurs mouvements simultanés,
et la maitrise de la respiration pendant toute la durée du virage.
Quelles sont les étapes de la culbute crawl ?
Le
virage le plus efficace est sans conteste la culbute. Celle-ci se décompose
en six étapes :
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Vous approchez du mur ? accélérez !
Conservation de la vitesse de nage et déclenchement de la rotation au moment opportun sont les deux objectifs fondamentaux à atteindre dans les derniers mètres avant la culbute. Pour réussir cela, un élément fondamental est la prise d'informations sur des repères fixes qui permet d'évaluer la distance restant à parcourir avant de déclencher la rotation.
Deux solutions alors : premièrement se repérer avec les lignes au fond du bassin et principalement grâce au "T" signalant que le mur est à deux mètres. Deuxièmement relever légèrement le regard pour situer le mur en face. De nombreux essais vous seront nécessaires avant d'intégrer les bons repères qui permettent d'atteindre le mur dans des conditions optimales. Cette phase d'automatisation permet également d'augmenter la vitesse d'exécution du virage.
Si
vous avez "peur du mur" lors de l'approche, vous pouvez commencer par réaliser
des approches en brasse. Bras devant vous, effectuez une dernière
traction complète des deux bras pour les amener le long de vos jambes,
et dans le même temps, effectuez la culbute. Cela permet de "voir
venir le mur" et d'être rassuré quant à une éventuelle
collision.
Par facile donc de se
"caler" par rapport au mur, c'est à dire de savoir à quelle
distance exacte on doit amorcer la culbute. Il faut même en fait
y penser bien avant, afin de terminer correctement les cycles propulsifs
des bras. Quant au mouvement qui initie le retournement, il est la synthèse
d'une bonne ondulation et d'un mouvement de tête déclencheur.
Pour arriver comme il faut
Pour préparer le retournement, vous devez aussi modifier votre organisation motrice. Première chose à faire, régler sa respiration pour ne pas inspirer sur le dernier mouvement, ce qui freinerait l'approche.
Bien sûr, évitez de relever la tête.
Les bras restent stables pendant toute la rotation sans mouvement parasite.
Juste avant la rotation, imposez un temps d'arrêt au bras qui vient de finir son trajet aquatique (le bras gauche sur les dessins) et fixez-le le long du corps. Le bras qui reste en avant (le droit ici) réalise ensuite sa dernière action propulsive et s'arrête lui aussi le long du corps. Lors de cette dernière action, l'épaule (droite) s'enfonce afin d'anticiper la vrille. La dernière traction est accélérée et assez puissante pour conserver sa vitesse.
Plus
on arrive vite, plus la rotation, si elle est bien effectuée, sera
rapide. A ce moment, lorsque les deux bras ont effectué leur traction,
les deux mains se retrouvent le long des cuisses. Orientez les paumes vers
le fond du bassin. Elles resteront ainsi tout le temps de la culbute pour
servir d'appui et empêcher le corps de trop s'enfoncer.
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C'est
l'enroulement de la tête qui enclenche la rotation du reste du corps.
La vitesse d'exécution de la rotation est déterminée
par la flexion de la tête et le groupé des jambes et non,
comme certains le pensent, par la projection volontaire des jambes au dessus
de l'eau. Certains entraîneurs tels Maglischo et Counsilman proposent
d'effectuer une ondulation avec les jambes juste avant pour aider à
la rotation.
Le temps de culbute pur
doit etre le plus court possible, car le corps du nageur est très
groupé, et sa portance est donc mauvaise. Conclusion, il s'enfonce
dans l'eau rapidement. Si l'on veut bien maitriser la fin du virage, l'étape
de rotation doit donc etre rapide.
Pas si évident au début...
Si vous ne parvenez pas à réaliser une pirouette dans l'eau, plusieurs exercices peuvent vous aider à accepter la perte de repères que cela suppose. Les deux bras tendus devant vous, attrapez une ligne d'eau. Tirez dessus et enroulez vous autour pour en faire le tour.
Pensez à bien rentrer la tête, le menton contre la poitrine, à grouper le corps, jambes repliées, et à remonter les fesses. Soufflez l'air par le nez quand vous remontez pour éviter que l'eau n'entre dans vos narines.
Vous
pouvez aussi, sur le ventre, tenir sur vos fesses une planche (cf dessins).
Rentrez le menton et effectuez une roulade entre vos bras en tenant toujours
fermement la planche à deux mains: il ne faut surtout pas la lâcher.
Vous pouvez aussi demander à une personne de vous faire tourner
alors que vous êtes en position "boule".
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Tournez mais restez droit !
Lors de la culbute, une fois que la tête a enclenché le mouvement de rotation, le haut du corps continue à s'enrouler, les jambes restent fléchies, les mollets et les pieds passent au dessus de la surface de l'eau.
Les bras restent tendus pendant toute la rotation afin d'être placés en position hydrodynamique, dans le prolongement du corps et de la tête, avant la poussée au mur.
Évitez les mouvements parasites de rééquilibrage type flexion des bras, balayage des mains. Ils perturbent votre placement et augmentent les résistances. Si vous ne parvenez pas à supprimer ces mouvements parasites, essayez de faire des virages mains liées l'une à l'autre avec par exemple un élastique.
Attention: les mouvement
de bras sont pourtant bien pratiques soit pour l'apprentissage et le perfectionnement
du virage, soit par la suite pour "récupérer" un virage mal
engagé.
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Une vrille en 2 temps
La rotation ne s'effectue pas dans l'axe, mais décalée sur le côté afin de répartir la vrille. On reprend ainsi sa nage en position ventrale. L'enfoncement de l'épaule est à l'origine de cette rotation désaxée.
Vous pouvez vous exercer en effectuant une rotation dans l'axe. A la sortie de la rotation, vous vous retrouvez en position dorsale, pieds au mur, orteils vers le haut. Ce n'est qu'ensuite, dans la poussée et dans la coulée, qu'il faut effectuer votre vrille afin de recouvrer la position horizontale et ventrale. Peu à peu, lorsque ce schéma sera bien structuré, anticipez la vrille et combinez là à la rotation avant pour arriver au modèle décrit.
Une fois retourné, posez les pieds au mur; en oblique, légèrement écartés pour plus de stabilité, les orteils vers le haut et du côté vers lequel vous allez finir de vriller. Vous ne devez pas tâtonner pour placer les pieds. Dés la première touche, les appuis doivent être solides.
Une autre technique consiste
à arriver en enfoncant une épaule et en soulement l'autre:
le bras de l'épaule soulevée aide alors à l'enclenchement
de la culbute par un mouvement aérien, qui s'opère donc latéralement,
et non pas les deux épaules symétriques. La vrille en est
d'autant plus préparée. Ce virage est "testable" lorque l'on
maitrise déjà bien la version "classique".
Des appuis stables pour une poussée puissante
Pieds au mur, haut du corps gainé, tête placée entre les bras, mains superposées, poussez énergiquement sur vos jambes. Attention, les deux pieds appuient en même temps sur le mur.
La poussée est orientée parallèlement à l'axe de déplacement pour bénéficier d'une bonne glisse. Trop à l'oblique vers le haut, vous allez crever la surface sans profiter de la vitesse acquise lors de la poussée. Trop à l'oblique vers le bas, vous allez "ramer" pour remonter à la surface et perdre tout le bénéfice de la poussée. Lorsque vous poussez au mur, vous êtes encore de "travers".
Ce
n'est que dans la coulée que le corps finira la rotation et retrouvera
sa position horizontale.
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Afin de réaliser une coulée efficace, veillez à l'alignement bras-tête-tronc-jambes.
La tête n'est ni trop rentrée, ni trop relevée pour limiter les résistances. Cette position hydrodynamique est conservée tant que la vitesse est importante.
Sitôt que la vitesse dans la coulée décroît, commencez votre reprise de nage. Si la reprise est trop tardive, la vitesse de nage retombe et il faudra beaucoup d'énergie pour relancer la machine. Reprenez d'abord avec les jambes, par quelques battements ou ondulations accélérés. Puis amorcez le mouvement de bras en commençant par le plus en profondeur pour bénéficier d'un appui puissant.
Comme
en dos, de plus en plus de nageurs utilisent des ondulations pour réaliser
leur coulée, entretenir la vitesse acquise et retrouver la surface.
Par contre, les nageurs de crawl ne s'essaient pas aux coulées géantes
de dix à quinze mètres comme en papillon ou en dos. Ils ressortent
à peu près et en moyenne cinq mètres après
le mur. Le choix du type de propulsion, de la longueur de la coulée
sont tributaires de votre niveau technique et d'entraînement.
A vitesse réelle,
un virage crawl ne prend pas plus de 2 secondes; au fur et à mesure
que vous serez à l'aise dans vos virages, accélérez
l'enchainement des phases du virage, jusqu' à en faire une continuité
"naturelle" de votre nage. Une petite astuce personnelle: enchainer les
longueurs dans un petit bassin (env. 12,5 à 20 mètres maxi)
ou bien nager dans le sens de la largeur du bassin principal d'entrainement
augment le nombre de virages.
Le secret ? essayer et essayer encore
Bien sûr, pour réussir parfaitement une culbute de crawl, il n'y a pas de secret : la répétition représente la condition sine qua non à l'intégration et à l'automatisation de cette compétence spécifique.
Même si au début votre virage n'est pas fluide et vous pose problème, efforcez vous systématiquement de réaliser une culbute à chaque fin de longueur.
Pour les compétiteurs, il est nécessaire également de répéter les virages dans les conditions spécifiques de la course. En effet à chaque vitesse de course correspond une organisation motrice différente. Par exemple, pour s'exercer dans des conditions équivalentes à celles d'un 50 ou d'un 100 mètres, effectuez des 15 mètres (7,5 rn avant le mur et 7 ,5 rn après le mur) à vitesse maximale ponctués d'un virage culbute. Le relevé et la comparaison des temps permettent d'évaluer la vitesse et la qualité d'exécution du virage.
En clair, durant l'échauffement avant une compétition dans un bassin que vous découvrez, entrainez-vous toujours à culbuter; les sensations peuvent etre en effet très différentes d'une piscine à l'autre: qualité et transparence de l'eau, éclairage, vision du mur, type de bord, autant de paramètres qui conditionnent le virage crawl.
(source:
Toute la Natation (Maria Semerjian) + Nager. Photos & dessins: Toute
la Natation)